Le 15 août 2019 a marqué le 250e anniversaire de la naissance de Napoléon Bonaparte. Malgré sa nature contradictoire, il est sans aucun doute l’une des personnalités les plus importantes de l’histoire. Déjà de nombreuses générations de Français sont pleines d’admiration, de fierté et d’un intérêt sans faille pour l’étude de la vie du « petit caporal », devenu empereur.
Jacques-Louis David – « Napoléon dans son bureau ».
Napoléon était-il franc-maçon? Les historiens ne disposent pas d’un document qui pourrait le confirmer, mais de nombreux faits indéniables prouvent l’extrême proximité de Napoléon avec la franc-maçonnerie. D’ailleurs, c’est grâce à Napoleon, que la franc-maçonnerie s’est répandue en Europe et est devenue un phénomène de masse. Il a fait de la franc-maçonnerie une société secrète, comme elle l’était autrefois, une religion d’État presque officielle, réunissant toutes les loges françaises autour du Grand Orient.
De retour en Corse, Bonaparte a grandi entouré de francs-maçons – après tout, son père et ses trois frères étaient des francs-maçons. Il ne fait aucun doute que la famille parlait tout le temps de la franc-maçonnerie.
- Le plus jeune frère, Jérôme Bonaparte (1784-1860) a été initié à la franc-maçonnerie à l’âge de 17 ans dans la loge “Paix”, dans l’est de Toulon. Sa carrière s’est rapidement développée. Un an plus tard, en 1801, il devient Grand Maître de la Grande Loge Maternelle de Westphalie, et en 1807, Napoléon le fait roi.
- Le frère aîné, Joseph Bonaparte (1768-1844), a été initié à la Loge “La Parfaite Sincérité” dans l’Orient de Marseille. En 1804, il devient Grand Maître du Grand Orient de France et Roi de Naples, puis Roi d’Espagne.
- Enfin, Louis Bonaparte (1778-1846), le père du futur Napoléon III, a occupé le poste d’adjoint au Grand Maître de 1803 à 1806, avant d’être remplacé par Jean-Jacques Regis Cambasseres.
- L’épouse de Napoléon, l’impératrice Joséphine de Beauharnais (1763-1814), a été initiée à une loge féminine à Strasbourg et a occupé le poste de Grand Maître pendant un certain temps.
- Eugène de Beauharnais, fils unique de Joséphine de son premier mariage, à l’âge de 24 ans, ayant reçu de son beau-père le titre de vice-roi d’Italie, devient le fondateur du Grand Orient d’Italie et du Conseil suprême d’Italie.
Il n’est pas surprenant que sous cette direction, tant les militaires que les civils aient voulu entrer dans les rangs des francs-maçons à la première occasion. Les francs-maçons étaient vingt-deux des trente maréchaux de Napoléon, cinq des six membres du Conseil militaire impérial et six des neuf ministres du gouvernement.
Jacques-Louis David – « Dédicace de Napoléon Ier aux empereurs et couronnement de l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804 ».
Le règne de Bonaparte était devenu l’âge d’or de la franc-maçonnerie en France. Pendant les 18 années qu’il a passées au pouvoir, le nombre de loges maçonniques en France est passé de 300 à 1220, dont une grande partie était des loges de guerre.
Dans les guerriers maçonniques, Bonaparte voit un moyen puissant d’unir l’armée, un outil obéissant et loyal, très utile dans le cadre de ses ambitions européennes. Dans le déploiement des opérations militaires en Europe, les sentiments internationaux qui unissent les frères sont bénéfiques pour le conquérant.
La Confrérie des Maçons – les guerriers ont répondu à l’Empereur par la réciprocité. Dans de nombreux temples maçonniques, les bustes de l’Empereur étaient installés, et toute critique de son règne était considérée comme une provocation antipatriotique et une grave erreur maçonnique.
En 1801, à Paris, est fondée la Loge Bonaparte, qui a pour mission principale de glorifier le nom de l’Empereur. La Loge survécut avec succès à l’exil et à la mort de Napoléon et ne fut fermée qu’en 1871. Elle a pu résister aux années réactionnaires grâce au fait qu’elle a été prudemment rebaptisée en Loge de la Modération.
Sur la gravure avec la liste des membres de la Loge Bonaparte, Jean-Baptiste Willermose (1730-1824), qui a créé un système de degrés supérieurs de franc-maçonnerie en France et en Allemagne, se trouve aux côtés de Napoléon.
Ce sont les officiers militaires, subordonnés à Bonaparte, qui ont participé à l’expédition égyptienne qui a amené la franc-maçonnerie sur les rives du Nil. Le général Cléber a fondé au Caire la loge “Isis”, qui, selon certains chercheurs, aurait été cofondée par Napoléon.
Pourquoi Napoléon, tout en intégrant la franc-maçonnerie dans la politique de son gouvernement, n’a pas voulu participer directement aux travaux d’une Loge ou même d’une Grande Loge? Il ne fait aucun doute que s’il manifestait le moindre désir – il se verrait immédiatement offrir le titre le plus élevé et le plus honorable de l’Ordre.
Si l’on connaît le caractère de Napoléon, la réponse à cette question est évidente: il ne suffisait pas qu’il soit « premier parmi ses pairs », il fallait qu’il soit « au-dessus » de l’égalité. La famille Bonaparte descendait d’une ancienne famille aristocratique florentine. Napoléon avait le droit d’ajouter le titre de comte à son nom de famille, mais il n’a jamais profité de cette opportunité. Une ambition aussi mesquine n’était pas pour lui. Mais il ne pouvait pas non plus laisser quelqu’un se faire appeler « frère ».
Pour la même raison, Napoléon renonça un jour au titre de maréchal – il lui suffisait d’être le commandant en chef « de facto ». Les grades et les titres ne lui plaisaient pas du tout. Napoléon n’était intéressé que par le pouvoir réel, de préférence absolu. L’ayant reçu en même temps que le titre impérial, Napoléon satisfait ses ambitions. Dans ce cas, le trône impérial, qu’il appelle « un morceau de bois », et assis à la même table que les couronnes royales d’Europe, peut se permettre de lancer la phrase : « Quand j’ai eu l’honneur d’être un sous-lieutenant … ».
Cependant, l’empereur en savait beaucoup sur la propagande. Lorsqu’il fallait démontrer la richesse et la puissance de son empire, il n’était pas avare – ses palais étaient pleins d’or, et la cour était la plus raffinée et la plus brillante d’Europe.
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Après être devenu empereur, Napoléon reste très impliqué dans les affaires maçonniques. Sur le lieu d’exécution du roi Louis XVI, il ordonne l’installation d’un obélisque avec un symbole maçonnique – une étoile à cinq branches. Lors de la création d’une héraldique impériale personnelle, l’un des symboles des francs-maçons – une abeille – a été utilisé, qui est devenu le symbole de la famille de Napoléon.
Un « manteau d’abeille » spécial a été réalisé pour l’empereur à l’occasion du couronnement.
L’abeille est un symbole très ancien. Dans l’Égypte ancienne, elle accompagnait la déesse Isis et avait de nombreuses significations. Pour Napoléon, l’abeille signifiait la volonté de se sacrifier pour le pays et la capacité de renaître.
Les francs-maçons ont également réagi à l’apparition d’une signification supplémentaire dans le symbole traditionnel. Il y avait même une Loge appelée “l’Abeille Impériale“.
Depuis l’époque de Napoléon en France, l’abeille est restée un motif à la mode dans la bijouterie, le textile et la mode. Le mouchoir Hermès avec l’imprimé de Napoléon a été produit en 1963. Le créateur de mode Philippe Ledoux l’a conçu.
Peu après l’arrivée au pouvoir de Napoléon, le 22 juin 1799, un mémorandum de neuf articles est signé entre les deux plus grandes branches maçonniques françaises, établissant des règles générales spécifiques. En particulier, les Vénérables Maîtres sont dépouillés de leurs privilèges exclusifs. Un système d’élection des fonctionnaires a été rendu obligatoire pour tous les francs-maçons, établissant un ordre pleinement démocratique. Seules quelques Loges de Rite Ecossais refusèrent de se joindre au mémorandum.
Ainsi, une Franc-maçonnerie française très hétéroclite devint un système uni et homogène, tout à fait dans l’esprit napoléonien. Bientôt fut publié « Le Régulateur des Francs-Maçons » – un ensemble de règles et de rituels pour les Loges du Grand Orient de France. Les Loges de Rite Ecossais ont également apporté les modifications appropriées à leurs règles – il leur a cependant fallu trois ans. En conséquence, les rituels ne sont toujours pas devenus identiques, mais il y avait un seul Conseil Suprême du 33ème degré, dont les décisions devenaient obligatoires pour tous. L’Empereur pouvait influencer n’importe quelle décision, puisque, à cette époque, le Suprême Conseil était dirigé par son frère aîné Joseph, qui était devenu le Grand Maître.
Le Conseil suprême du 33e degré, créé à l’initiative de Napoléon, poursuit aujourd’hui ses travaux.
Le « Régulateur des Francs-Maçons », qui a unifié les activités des francs-maçons, est devenu un document qui a poursuivi organiquement les réformes de Napoléon, avec la Constitution, le Code civil, le système d’éducation universelle, un système de récompense unique de l’État (l’Ordre de la Légion d’honneur), etc.
Après la France, les francs-maçons des autres pays européens ont commencé à regrouper leurs rituels dans un seul système. Le maréchal de l’Empire, le franc-maçon Jean-Baptiste Jules Bernadotte, devenu prince héritier de Suède, réforme le rite suédois. Le système des 12 degrés maçonniques existe encore aujourd’hui.
Friedrich Ludwig Schroeder, Grand Maître de la Grande Loge Provinciale de Hambourg, s’inspirant des anciens rites des Templiers, a développé son Rite, limité à trois degrés symboliques. Aujourd’hui, il est pratiqué dans certaines Loges en Allemagne, en Hongrie, en Autriche et en Suisse.
En Espagne, le Grand Maître Comte François Joseph Paul de Grass a également établi une hiérarchie maçonnique dirigée par le Suprême Conseil.
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En 1806, pour célébrer son triomphe à Austerlitz, Napoléon décide de construire l’Arc de Triomphe. Une équipe de constructeurs et d’architectes, entièrement composée de francs-maçons, est créée pour réaliser le projet. Le Frère Jean-Baptiste Nomper de Champagny propose le concept et choisit le site de construction. Le plan initial a été conçu par l’architecte Charles-Louis Balzac (“La Loge du Grand Sphinx”, Paris), il a été réalisé par l’architecte Jean-Francois Chalgren ( Les Coeurs simples de la “Loge de l’Etoile Polaire”, Paris). Les bas-reliefs de l’arche ont été réalisés par les sculpteurs François Rueud (côté nord, composition « Marseillaise ») et Jean-Pierre Corto (côté sud, composition « Le monde de Vienne »). L’architecte officiel du gouvernement, la Maison Pierre Fontaine, a supervisé la construction.
Sur la gravure de 1860, à l’ombre de l’Empereur, au-dessus duquel brille L’Œil de la Providence, on trouve 61 personnages historiques de son époque. Parmi les personnages de gauche, on trouve notamment Desaix, Cambacérès, Kléber et les commandants Davout, Lannes, Murat, Lasalle, Mathieu Dumas. A droite : Washington, Frédéric le Grand, Alessandro Volta, Diderot, Lacépède, Lafayette, Parmentier, Helvetius.
Après les chefs militaires, la Franc-maçonnerie napoléonienne est rejointe par les plus grandes figures de la science et de la culture en France, fierté de la nation:
– Pierre Simon de Laplace – mathématicien, physicien et astronome, l’un des créateurs de la théorie des probabilités et des équations différentielles,
– Charles Louis Cadet de Gassicourt – chimiste, pharmacien et écrivain, fondateur de l’une des premières revues scientifiques, le Pharmaceutical Bulletin,
– L’artiste Pierre Prudon (“La Loge de Charité”, Bonn),
– Artiste Francois Gérard (“La Grande Loge du Sphinx”, Paris),
– Portraitiste Jean-Baptiste Isabé (Loges “Amies Réunies” et “Saint Napoléon”, Paris),
– L’acteur tragique François-Joseph Talmas, réformateur de l’art théâtral (“L’Union de la Loge”, Paris),
– L’académicien Pierre Jean Georges Cabanie, physiologiste et philosophe (“Loge des Neuf Sœurs”, Paris),
– Académicien Joseph Lacanal, professeur de philosophie, membre du couvent, organisateur du système éducatif en France (Loges “Point Idéal” et “Triple Harmonie”, Paris),
– L’écrivain, publiciste et homme politique Henri-Benjamin Constant, les plus importants représentants du romantisme français dans la littérature,
– le sculpteur Claude Claudion (“La Loge des Amis Reconnectés”, Paris),
– Alexander Bognard, professeur de sciences naturelles, chimiste, pharmacien, géologue, zoologiste, botaniste et paléontologue (Loge “Saint-Jean-du-Contrat”, Paris),
– l’architecte Pierre Fontaine,
– le compositeur André Gretry, créateur de l’opéra-comique français,
– Le compositeur Luigi Cherubini, créateur du genre « opera salvage » ( La Loge Saint Jean de Palestine).
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Après la bataille de Mont-Saint-Jean, qui est restée dans l’histoire sous le nom de Waterloo, la perte du pouvoir de Napoléon et son exil sur l’île d’Elbe, la grande époque des pavillons de guerre français a pris fin.
Dix-neuf ans après l’enterrement de Napoléon à Sainte-Hélène, les restes de l’empereur ont été transférés en France et placés dans la tombe des Invalides, à Paris. Le granit rouge pour le sarcophage massif a été offert à la France par l’empereur russe Nicolas Ier.
La restauration des Bourbons et la persécution des Bonapartistes ont rendu le fonctionnement de la plupart des loges maçonniques dangereux pour la vie. Cependant, même les loges dissoutes n’ont pas été fermées. Selon la tradition maçonnique, elles étaient seulement déclarées comme « mises en sommeil ». « Dormir » ne prenait pas autant de temps. Après la déposition de Louis Napoléon III et la proclamation de la Troisième République en 1870, la Franc-maçonnerie française a connu le deuxième âge d’or, se souvenant rapidement et faisant revivre les traditions de la brillante époque napoléonienne.
A partir de livres sur les relations entre Napoléon et les francs-maçons, vous pouvez constituer une bibliothèque.
Sources:
Le culte napoléonien
La franc-maçonnerie sous l’Empire
15 août 250e anniversaire de la naissance de Napoléon Bonaparte
Великая национальная ложа Франции
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